Au chômage mais soudée, la
famille Ki-taek habite dans un entresol misérable et vit d’expédients. Jusqu’au
jour où le fils, bardé d’un faux diplôme et recommandé par un copain, se fait
engager par un couple fortuné pour donner des cours à leur fille adolescente.
Les Park habitent dans une grande et luxueuse propriété, avec jardin,
gouvernante, yorkshires et tout le toutim.
Un à un, chacun des trois autres
membres de la famille Ki-taek va, comme le fils, réussir à se faire embaucher
par les Park sous de fausses identités. Mais la cohabitation est périlleuse
pour les infiltrés, le moindre dérapage de leur part pouvant entraîner la
révélation de leurs impostures.
Parasite est le septième
long-métrage de Bong Joon-Ho. Ce réalisateur sud-coréen s’est distingué dans
différents genres : un polar inspiré de l’histoire réelle d’un tueur en
série (Memories of a Murder, 2003), un mélo social (Mother, 2009),
un thriller de science-fiction adapté d’une BD française (SnowPiercer,
le Transperceneige, 2013)…
Film à la mise en scène détonante
et au ton satirique, Parasite fraye lui-même avec différents
genres : la fable sociale, la comédie, le thriller, et même le fantastique.
C’est une sorte mix entre les comédies italiennes féroces des années 70, comme Affreux,
sales et méchants (1),
et les délires virtuoses américains de Quentin Tarantino ou des frères Coen.
On peut préférer l’approche de
ces derniers, qui n’ont pas la prétention de véhiculer du fond.
Avant de devenir un
auteur-réalisateur star de son pays et un chouchou de la critique
internationale, Bong Joon-Ho a fait des études de sociologie, et cela se voit
dans le scénario de Parasite, qu’il a co-écrit.
Un scénario malin, dans sa forme comme
dans son fonds. Le fonds, qui repose sur la fracture entre les riches et les
pauvres en Corée du Sud, parle facilement aux spectateurs de notre monde
globalisé.
Le film est clairement du côté des
Ki-taek… qui ne manifestent pourtant aucune solidarité avec plus pauvres
qu’eux. Quant aux Park, ils sont mesquins et lâches.
Certaines scènes rappellent avec
légèreté et humour que les conditions de vie (tranquillité, temps, jardin) sont
déterminantes pour permettre l’ouverture à l’art, à la méditation ou à la
spiritualité.
L’action se déroule principalement dans la villa des Park (2). Quelques séquences rompent avec le côté un peu théâtral du film, comme celle à la fin, dans le quartier des Ki-taek, où l’on voit, sous une pluie torrentielle, un enchevêtrement impressionnant de câbles suspendus entre les immeubles. Il y a même quelques plans de foule, dans une scène d’inondation.
L’action se déroule principalement dans la villa des Park (2). Quelques séquences rompent avec le côté un peu théâtral du film, comme celle à la fin, dans le quartier des Ki-taek, où l’on voit, sous une pluie torrentielle, un enchevêtrement impressionnant de câbles suspendus entre les immeubles. Il y a même quelques plans de foule, dans une scène d’inondation.
Bref, ce film à l’humour noir, présentant
une histoire truculente de revanche sociale avec ce qu’il faut de violence et
d’amoralité pour être dans l’air du temps, est bien parti pour devenir un
film-culte. Il a d’ores et déjà obtenu la Palme d’Or au festival de Cannes, et
lorsque je l’ai vu, la salle (pleine) a applaudi à la fin.
(1) Ettore
Scola, 1976.
(2) Le film
aurait pu figurer dans l’article « Derrière la façade », consacré à
la maison au cinéma, in Choisir Janvier-Mars 2019.
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