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mardi 4 décembre 2018

Septembre 2018 : "Burning" de Lee Chang-Dong (2018)


Jongsu est le fils d’un modeste éleveur de bétail. Il rêve d’être écrivain, mais gagne sa vie en étant coursier. Lors d’une livraison, il rencontre une fille qui attire le chaland à l’entrée d’une galerie commerciale en exécutant une chorégraphie ridicule. Elle s’appelle Haemi, et elle reconnaît Jongsu : enfants, ils habitaient le même quartier. Haemi est très jolie, pétillante, un peu frapadingue. Elle prend des cours de mime et veut devenir actrice. Elle doit partir incessamment en Afrique pour une raison aussi floue que farfelue, et demande à Jongsu de
venir chez elle nourrir son chat en son absence. Ils couchent ensemble. Jongsu, un introverti, timide et sensible, tombe amoureux d’elle. Lorsqu’elle revient, Haemi lui présente Ben, qu’elle a rencontré lors de son voyage. Ben est un jouisseur narcissique dont la fortune est d’origine mystérieuse. La relation qu’il entretient avec Haemi n’est pas claire, et la passivité de Jongsu ne va pas contribuer à l’élucider. Les non-dits entretiennent la jalousie de Jongsu. Sa jalousie se transforme en méfiance quand Ben lui confie, alors que tous trois fument un joint devant la ferme paternelle, que son passe-temps favori consiste à brûler les serres en plastique. La méfiance devient suspicion le jour où Haemi disparaît après un étrange coup de téléphone. 

C’est vierge de toute information que je suis allé voir Burning. Je savais juste que c’était un film sud-coréen ayant eu un très bon accueil critique au dernier Festival de Cannes, d’où il est pourtant revenu bredouille. J’ai été un peu perdu en le visionnant. Le réalisateur Lee Chan-Dong multiplie les fausses pistes, non seulement au niveau de l’intrigue, mais aussi dans la forme : il instaure très vite une tension qui ne trouve jamais clairement 
de cause ou d’objet clair. Était-ce un polar intimiste ? Une chronique sociale dénonçant les conséquences d’un libéralisme barbare ? Un mélodrame basé sur la figure du triangle amoureux ? Haemi est-elle une prostituée ? Veut-elle se venger d’un incident d’enfance ? Ben est-il un mythomane ou un sadique, qui aime jouer au chat et à la souris avec ses victimes ? Pourquoi lit-il Faulkner, un des auteurs préférés de Jongsu ? Qu’y a-t-il derrière ces coups de fil anonymes que reçoit Jongsu ? Bon nombre de mes questions n’ont pas obtenu de réponse à l’issue des 2h30 que dure Burning.

Si certaines séquences sont un peu diluées, l’intrigue reste prenante, et la forme souvent envoûtante. Inspiré d’une nouvelle d’Haruki Murakami (Les Granges Brûlées, 1983) - elle-même inspirée d’une nouvelle de Faulkner (L'Incendiaire, 1939) -, Burning est un thriller poétique à l’esthétique raffinée, travaillant les ellipses, les moments flottants, sensoriels. Comme cette séquence à la beauté lyrique rappelant celle du Mépris de Godard (1963) où Heami danse torse nu, au coucher de soleil, sur la musique d'Ascenseur pour l'échafaud (Louis Malle, 1957). L’actrice Jeon Jong-seo est une révélation exceptionnelle. Son charme irradie dans chaque scène où elle apparaît. Yoo Ah-in, qui incarne le personnage passif, un peu léthargique, de Jongsu, est moins convaincant dès qu’il doit sortir de sa torpeur.

Burning m’a donné envie de découvrir le film précédent de Lee Chan-Dong, Poetry, qui avait reçu le Prix du meilleur scénario à Cannes en 2010.

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