Une communauté paysanne en Italie
cultive le tabac pour le compte d’une marquise qui se rend chaque été dans sa
grande propriété, l’Inviolata. Dans ce hameau coupé du monde, le temps semble
s’être arrêté à l’époque féodale : les paysans sont persuadés d’appartenir
corps et biens à la propriétaire des lieux, et leurs conditions de vie et de
travail relèvent du servage. Maltraités, exploités, ils abusent à leur tour de
la bonté exceptionnelle de
Lazzaro, un jeune homme doux, serviable et équanime, considéré comme le bâtard et l’idiot du village. Un été, Lazzaro se lie d’amitié avec Tancredi, le fils de la marquise, un paumé manipulateur en rébellion contre sa mère. Le jour où les carabiniers encerclent la ferme, Lazzaro tombe d’une falaise. Lorsqu’il se relève miraculeusement indemne, la dizaine d’années qui s’est écoulée depuis sa chute ne semble avoir eu aucun effet sur lui. Le hameau est désert, la propriété abandonnée. Lazzaro va retrouver ses proches vieillis, réduits à survivre de rapines, dans un taudis près d’une voie de chemin de fer, à la périphérie d’une grande ville.
Lazzaro, un jeune homme doux, serviable et équanime, considéré comme le bâtard et l’idiot du village. Un été, Lazzaro se lie d’amitié avec Tancredi, le fils de la marquise, un paumé manipulateur en rébellion contre sa mère. Le jour où les carabiniers encerclent la ferme, Lazzaro tombe d’une falaise. Lorsqu’il se relève miraculeusement indemne, la dizaine d’années qui s’est écoulée depuis sa chute ne semble avoir eu aucun effet sur lui. Le hameau est désert, la propriété abandonnée. Lazzaro va retrouver ses proches vieillis, réduits à survivre de rapines, dans un taudis près d’une voie de chemin de fer, à la périphérie d’une grande ville.
Inspiré d’un fait divers qui a
marqué l’Italie dans les années 80 (une marquise qui n’avait pas informé ses
paysans que le métayage était aboli !),
Lazzaro Felice est le troisième long-métrage de la réalisatrice italienne
Alice Rohrwacher. Je n’ai malheureusement pas encore vu son film
précédent, Les Merveilles (2014), une
chronique d’une famille italienne en Ombrie, dont on m’a dit grand bien.
Dans son dernier film, étranger à
la mode, presque anachronique, j’ai beaucoup aimé l’utilisation de la pellicule
(du Super-16), la forme du conte (localisation et temporalité peu déterminées),
le style
naturaliste (avec de belles lumières naturelles), l’univers rural, et
enfin la figure de l’idiot, dont la mise en valeur a toujours été – et
aujourd’hui plus que jamais - un choix pertinent pour rappeler des vérités
fondamentales.
Adriano Tardiolo joue avec sobriété
Lazzaro, personnage pacifique, taciturne et quelque peu hagard. Dans cette
communauté de crétins consanguins, il est toujours disponible pour rendre
service, et tout le monde en profite sans vergogne. Il est seul, à part, le
dernier de la chaîne des exploités. N’est-ce pas souvent parmi les êtres humbles
et méprisés que Dieu choisit ceux qu’Il appelle à être nos prophètes, nos
voyants, nos guides ?
Ceci dit, Lazzaro est doux comme
un agneau et bon comme le pain, mais ça ne va pas plus loin : au-delà de ces
qualités innées, il semble n’avoir aucune connaissance consciente du Christ. Il
faut dire qu’il baigne dans un environnement dont la religiosité relève plus de
la coutume et des superstitions que de la foi chrétienne.
Pourtant la source d’inspiration
affichée de la réalisatrice est la figure de Saint François d’Assise. Pendant
les séquences qui encadrent le miracle, le fioretto
de la conversion du féroce loup de Gubbio
est raconté en voix off par
Antonia, une jeune fille de la communauté (jouée, enfant, par la très gracieuse
Agnese Gaziani, et adulte, par la sœur de la réalisatrice, Alba Rohrwacher).
Les références néo-testamentaires sont rares (la résurrection de Lazare
évidemment) et peu soulignées. L’une d’elle a inspiré une des scènes qui m’a le
plus touché : quand Antonia, devenue adulte, revoit Lazzaro ressuscité, elle
est la première à le reconnaître lorsqu’il l’appelle par son prénom, comme
Marie-Madeleine et le Christ lors du matin de Pâques devant le tombeau vide.
Pour les références cinématographiques,
à part les chefs d’œuvre de Roberto Rosselini (Les onze fioretti de François
d’Assise, 1950) et d’Ermanno Olmi (L’arbre
aux sabots, 1978), on pense aux films du réalisateur finlandais Aki
Kaurimäski, pour leur approche humaine des déshérités du capitalisme.
Même s’il souffre de quelques
longueurs (il dure 2h10) et d’une fin ratée, je ne peux qu’encourager à aller voir
ce film qui apparaît dans la production actuelle comme une petite fleur - fioretto - éclose dans une décharge polluée.
La démarche d’Alice Rohrwacher est courageuse, son pari était risqué et le
résultat est beau et fragile.
Cofinancé par la Confédération
helvétique et la RSI, coproduit par Martin Scorsese, Lazzaro Felice a obtenu (ex-aequo) le Prix du scénario au dernier
festival de Cannes.
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