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lundi 2 janvier 2017

Novembre 2016 : "Hacksaw Ridge" de Mel Gibson (2016)

Après avoir manqué tuer un jour son frère d'un coup de brique, Desmond Doss, jeune et fervent adventiste du septième jour, s’est engagé à obéir à la lettre au commandement biblique « Tu ne tueras point ». En cette fin d’année 1941, il est donc objecteur de conscience, ce qui satisfait son père, un vétéran de la Grande Guerre, encore tourmenté par les souvenirs de ses amis dégorgeant leurs boyaux sur les champs de bataille. Après l’attaque de Pearl Harbor, Desmond décide pourtant de s’enrôler, comme son frère, mais en tant qu’infirmier dans l’infanterie. Leur père pacifiste (qui bat néanmoins sa femme lorsqu’il est soûl) n’arrive pas à les en dissuader. 
Desmond tombe amoureux d’une infirmière, qu’il demande en mariage juste avant de partir en caserne pour un stage d’entraînement. Très vite, son refus de toucher une arme va lui attirer l’hostilité de tous : ses camarades le traitent de lâche, sa hiérarchie veut l’emprisonner. Malgré les coups et les humiliations, Desmond tient bon. Au juge de la cour martiale, il explique : « Dans ce monde qui s’entredéchire, ça ne me semble pas une mauvaise idée de contribuer un peu à le raccommoder ». Il est finalement autorisé à aller, sans arme, se faire tuer au Japon.
Il se retrouve alors avec son régiment à escalader une falaise surnommée Hacksaw Ridge (« la crête scie à métaux »), qui mène à un territoire dont la conquête représenterait une étape décisive dans la bataille d’Okinawa. Au terme de combats d’une violence inouïe, alors que les rares survivants ont battu retraite, l’infirmier reste seul sur le champ de bataille pour porter secours à ses camarades laissés pour morts. Un à un, il porte les blessés jusqu’au bord de la falaise, les attache à une corde et les treuille à la force de ses bras. Les deux soldats de faction en bas vont ainsi réceptionner 75 de leurs compagnons qu’ils croyaient perdus. L’histoire est véridique.

Tu ne tueras point (Hacksaw Ridge) commence comme un mélo romantique qui pourrait paraître désuet : on se croirait dans une production hollywoodienne des années 50, tant le film convoque une ingénuité disparue depuis longtemps de nos écrans. Andrew Garfield (Desmond) par exemple, - qui a quelque chose de Federer -, campe un héros positif, bouleversant d’innocence, comme le cinéma n’en fait plus sous nos latitudes.
Ensuite la séquence d’initiation militaire en caserne (cf photo ci-dessus), avec ses scènes de groupe un peu balourdes, rappelle les films à grosses ficelles des années 80.

Ce n’est que dans sa seconde moitié que Hacksaw Ridge devient un film de guerre tout à fait actuel dans sa facture, avec des scènes de bataille d’une efficacité impressionnante. Il y a d’abord cette imposante paroi que les troupes escaladent, avant de charger sur un terrain jonché de cadavres, ceux de leurs prédécesseurs. Les projectiles tirés par un ennemi souvent invisible font tant de victimes que progresser dans ce chaos ahurissant paraît constamment suicidaire. Evidemment cela renforce l’héroïsme des personnages, et en particulier celui de Doss, qui fait preuve d’une détermination et d’une bravoure extraordinaires. Notons au passage que la violence est ici beaucoup moins gratuite et sadique que celle imposée par quantité de films non réalisés par Mel Gibson, et donc non soumis au réflexe pavlovien de la critique, qu’elle soit chrétienne (« un film abject et complaisant » pour La Croix) ou post-moderne (« Entre le spectacle barbare et la guimauve religieuse, Tu ne tueras point relève presque du cas psychiatrique et fait basculer le cinéma de Gibson dans l’ère du “catho-porn”, cet Hollywood parallèle destiné à remplir les multiplexes de l’Amérique bigote », selon Les Inrocks).

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