In the Heart of the Sea commence
en 1850 sur l’île de Nantucket, au large du Massachusetts. L’écrivain américain
Herman Melville, en pleine crise créative, se présente chez un ancien matelot,
Thomas Nickerson, pour qu’il lui raconte l’histoire de l’Essex, un baleinier
qui a sombré trente ans plus tôt dans le Pacifique, après avoir été fracassé
par un cachalot géant. Nickerson, dernier rescapé vivant du naufrage,
accepte pour la première fois de livrer les souvenirs qui le hantent…
En 1819, il n’a que 14 ans
lorsqu’il embarque sur l’Essex. C’est un mousse novice sous les ordres d’Owen
Chase, vaillant commandant en second de 22 ans. Chase a promis à sa femme enceinte
qu’il reviendrait. Les vingt-deux membres de l’équipage partent en effet pour
deux ou trois ans, le temps de ramener une cargaison d’huile de cétacés, produit
précieux à une époque où les combustibles souterrains ne sont pas encore
exploités. D’extraction modeste, Chase veut devenir capitaine ; mais pour
l’heure il reste sous le commandement de George Pollard, snob, inexpérimenté,
mais fils d’un riche armateur. L’expédition bicéphale va rencontrer sur sa
route un « monstre marin ». Seuls huit hommes réchapperont de la
confrontation.
Cette histoire vraie, traitée de
manière spectaculaire mais avec un souci d’authenticité, donne un film
palpitant. Avec Nickerson le moussaillon, on découvre l’intensité réglée de la
vie ordinaire à bord : l’énergie bien déployée pour réaliser les manœuvres ;
la bravoure bien ancrée pour chasser les baleines aux harpons, depuis des baleinières
; l’estomac bien accroché pour s’engouffrer dans la carcasse fétide des cétacés
et y récupérer le spermaceti. Certaines scènes sont saisissantes : la tempête,
le banc de cachalots, les attaques du cachalot géant (30 m, comme le navire).
S’ensuit l’éprouvante dérive des survivants, durant trois mois, dans des
embarcations de fortune ; affamés, les malheureux tirent à la courte
paille celui qui sera mangé.
Chase lui-même (Chris Hemsworth[1])
a tout raconté dans « Récit de
l’extraordinaire et affligeant naufrage du baleinier Essex »[2].
Nickerson (interprété, âgé, par le grand acteur irlandais Brendan Gleeson) a
quant à lui attendu 55 ans avant d’écrire son récit.
Familier des superproductions (Apollo
13, Da Vinci Code), Ron Howard[3]
a réalisé un bon film d’aventures maritimes : In the Heart of the Sea est peut-être
moins intéressant que Master and Commander (2003) de Peter Weir, mais il est plus
plaisant que la lecture de Moby Dick.
En 2011, la mafia manigance avec
des politiques pour faire passer une loi conduisant à la transformation du
littoral d’Ostie, près de Rome, en un Las Vegas italien. Après une séance
houleuse au parlement, le député Malgradi a rendez-vous dans un hôtel avec Sabrina,
une call-girl et, pour pimenter sa partouze quotidienne, une mineure. Comme celle-ci
meurt d’une overdose, Malgradi charge Sabrina de se débarrasser du cadavre. La
pute sollicite les services d’un voyou qui fait incontinent chanter le ripou.
S’ensuit une plongée dans le monde criminel de la capitale où s’affrontent les
chefs de plusieurs gangs : le Gitan, Samouraï -grand ponte de la
pègre romaine - et Numéro 8, jeune héritier d’une famille qui contrôle les
plages d’Ostie. Sont pris dans les mailles de ce réseau mortifère : un
entremetteur, qui après le suicide de son père, se découvre héritier de sa
dette envers le Gitan ; un cardinal, moins préoccupé par ses malversations
que par la démission du pape.
Entrecroisant les destins des
personnages, le récit traduit le caractère réticulé de ce milieu occulte dont il
est impossible de s’affranchir. Un univers sombre (les trois quarts du film se
passent la nuit et/ou sous une pluie diluvienne), peuplé de méchants, de
cupides et de lâches. On étouffe dans Suburra, dont le titre évoque un ancien
quartier malfamé de Rome (sub urbe,
la ville du dessous).
Rome, justement, confère sa
particularité à ce film de genre. Les mafias sont un cancer qui gangrène nos sociétés
molles. Comme le dit Dom Luigi Ciotti[4],
« si les mafias sont tellement
puissantes, c’est aussi parce que nous leur avons permis de se
propager. » Dès lors, Rome aurait pu être considérée comme ville
emblématique de la confrontation actuelle entre le Bien et le Mal, l’Epouse du
Christ et la « grande prostituée ».
Le film est d’ailleurs rythmé par un compte à rebours commençant «7 jours avant l’Apocalypse»… Mais cette
référence grandiloquente fait finalement pschitt.
Polar musclé, bien interprété (Claudio
Amendola effrayant en Samouraï), Suburra confirme l’évolution prophétisée il y
a 20 ans par Scorsese dans Casino : Las Vegas est le rêve ultime de la
nouvelle génération mafieuse. La scène de fusillade dans un centre commercial est
aussi très significative. Suburra bénéficie de l’expertise de ses auteurs (notamment
un magistrat et un journaliste) et le cinéaste Stefano Sollima a réalisé deux
séries sur le sujet : Gomorra et Romanzo criminale. Si certaines
scènes (une fête décadente) et un esthétisme baroque rappellent Paolo Sorrentino,
Sollima se complaît parfois dans un maniérisme gratuit.
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